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Le système économique actuel est, sans équivoque, inadapté aux enjeux du XXIème siècle

que dire du chaos monétaire ? plans chocs sur plans chocs se succèdent aux 4 coins du monde, de la Fed à la BCE en passant par le G20… ces plans n’iront pas à une économie à l’arrêt, ils sont dirigés comme en 2008 à destination des banques… d’ailleurs, au même moment, les traders continuent et il a fallu attendre cette crise pour voir les ventes à découvert interdites en France1… autant de signaux forts d’un monde financier et économique dépassé, épuisé, incapable de créativité, d’humanisme et d’équité.

La société dans laquelle nous vivons repose sur des équilibres économiques qui sont aujourd’hui basés sur l’hypothèse fondamentale que nous pouvons/devons générer collectivement de la croissance. Tous les jours ou presque, nous entendons ce mot croissance comme une vertu que les nations présenteraient à la hauteur des objectifs atteints ou prévus officiellement chaque trimestre ou chaque année.

Avant d’aller plus loin, qu’est-ce que la croissance ?

Selon la définition convenue, la croissance correspond à la variation positive de la production de biens et de services sur une période plutôt longue, au moins un trimestre, sur un territoire donné. Nous l’avons souvent appris lors de nos études, ces biens et services sont découpés selon 3 secteurs, souvenez-vous : primaire (activités agricoles), secondaire (activités industrielles) et tertiaire (activités de services). A l’échelle d’un pays, on parle du PIB produit intérieur brut.

Quels sont les effets négatifs d’une société pilotée de façon excessive par le prisme de la croissance ?

On peut en distinguer plusieurs :

  1. à coup de renforts médiatiques, la croyance pour les politiques et l’ensemble des citoyens que seul ce système nous permet de piloter notre trajectoire commune : aux 4 coins du globe, nous – les différentes familles politiques, les citoyen.ne.s – sommes actuellement pris en tenaille par ce système de croissance qui conditionne les notations des agences de crédit, le niveau des taux d’emprunt ainsi que le niveau de déficit acceptable et donc les finances publiques.

  2. la non pertinence de cet indicateur car il peut ne représenter l’activité que d’une fraction de la société : Thomas Piketty et E. Saez ont mené une étude aux Etats-Unis démontrant que la moitié de la croissance américaine est due aux individus les plus riches.

  3. Cet indicateur de croissance ne permet pas de préparer l’avenir, en effet, les activités qui présentent des externalités négatives sont intégrées dans le calcul du PIB. A titre d’exemple, les émissions de carbone ont un coût pour les générations futures. On peut ici questionner le rôle des banques qui sont les moteurs de l’activité économique et qui réalisent des montages financiers sans porter attention sur les externalités négatives ou positives des projets financés.

Note intermédiaire : nous vivons dans un système qui est piloté de façon disproportionnée par un indicateur qui n’est pas équitable et qui ne permet pas de préparer l’avenir des futures générations. La seule croissance est donc, sans prise en compte des externalités, dangereuse pour l’homme, pour la planète.

Au-delà de l’indicateur de la croissance, pourquoi avons nous de bonnes raisons de remettre en question le système ?

L’un des problèmes majeurs du système actuel est son manque de transparence

  1. Savez vous que les soldes positifs que vous avez sur vos comptes bancaires sont exploités par la branche investissement de votre banque ?

  2. Savez vous qu’à l’occasion de la crise des subprimes un indicateur critique a été tout simplement supprimé par l’administration américaine ?2

  3. Savez vous que les capitaux placés dans des paradis fiscaux, zones de non droit fiscal, ont considérablement augmenté depuis les années 1970 et représentent aujourd’hui plus de 10% du PIB mondial ?3

Note intermédiaire : par un cruel manque de transparence, le système économique actuel nous propose de continuer à alimenter une machine qui fabrique de l’injustice et accroît les inégalités sur tous les continents.

Alors, on fait quoi 🙂 ?

Non, comme le dit Aurélien Barrau, il n’y a pas de réalité économique. Les règles du jeu peuvent changer en un claquement de doigts, comme nous l’a d’ailleurs merveilleusement démontré l’AMF en interdisant les ventes à découvert la veille du confinement. Autre exemple plus ancien, le système économique dans lequel nous évoluons a déjà été remis en question par le passé, l’événement le plus impactant de toute l’histoire économique moderne correspond très certainement à la décision unilatérale américaine, le 15 Août 1971, de mettre fin aux accords de Bretton Woods4. On le voit, on peut changer les règles du jeu très rapidement.

En économie, tout est possible, l’économie est politique, ce n’est qu’à partir du XXème siècle que l’économie est devenue une science. Une science basée sur des statistiques qui essaient d’anticiper des comportements de consommateurs mais chaque citoyen étant un peu plus qu’un consommateur, cette science est régulièrement mise en défaut.

On pourrait ainsi s’inspirer de Jigme Thinley, premier ministre du Bouthan, qui a inventé un autre indicateur, le BNB, le Bonheur National Brut, qui écrivit à la demande de l’ONU un rapport remis en Décembre 2013 qui s’intitule : « Le bonheur : vers un nouveau paradigme de développement ». Bref, le temps est venu d’explorer, expérimenter car il n’y a pas de vérité économique, nous avons devant nous un espace comme il n’a jamais existé pour faire résonner nos idéaux et changer les règles du jeu 5 !

Propositions d’actions pour changer le système en profondeur et en douceur

  1. Programme de partage de connaissances sur la création monétaire

  2. Groupes de travail mixant expérimentés et citoyens sur des recommandations

  3. Rendre visibles les externalités positives ou négatives en leur associant de la valeur

  4. Expérimenter de nouvelles façons de créer de la valeur et de la redistribution : nouveaux modes de contribution/rétribution s’appuyant sur les technologies numériques, aptes à gérer la complexité

115 Avril 2020 – Bourse Direct

2Cet indicateur, c’est l’indicateur M3 qui a été supprimé en Février 2006 par la Fed et qui depuis est simplement estimé… En théorie, dans une économie traditionnelle qui fonctionne correctement, il y a une corrélation directe entre la masse monétaire et l’activité économique réelle (devrait être égal à la somme du taux de croissance + taux d’inflation) Plus d’informations ici sur les indicateurs : https://www.les-crises.fr/masse-monetaire-usa/ et l’une des sources pour l’estimation M3 depuis Mars 2006 : http://www.shadowstats.com/alternate_data/money-supply-charts

3Rapport sur les inégalités mondiales de Thomas Piketty, Lucas Chancel, E. Saez, G. Zucman, F. Alvaredo https://wir2018.wid.world/files/download/wir2018-summary-french.pdf

5Au LICA, nous portons par exemple un projet nommé ECHOS visant à développer de nouveaux systèmes de valeur économique en s’appuyant sur la technologie Blockchain – plus d’informations prochainement sur https://www.echos.life

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